Morgane Nicoli : “Aujourd’hui, j’ai besoin de temps de jeu” (exclu MhscOnAir)

La défenseur centrale du Montpellier Hérault Sport Club, Morgane Nicoli, nous a accordé une interview à la suite de son retour de prêt d’un an au LOSC. Récemment internationale française B, la joueuse de 22 ans est revenue sur ses débuts au sein du club pailladin, ses écueils, son année à Lille, son avenir à Montpellier et sur la prochaine Coupe du Monde organisée en France. Un moment riche en émotions.

Pourquoi avoir choisi le Montpellier Hérault Sport Club en 2011 et qu’est-ce le club pailladin vous a apporté depuis votre arrivée ?
J’ai choisi le MHSC car le projet de la formation était complètement en accord avec ce que je cherchais et ce que le club me proposait était intéressant. J’avais également à cœur de rester dans le sud pour ne pas être trop dépaysée. J’ai eu la chance d’intégrer le groupe pro dès ma deuxième année. Le club me faisait confiance même après toutes mes blessures et je leur en serai éternellement reconnaissante.

Durant vos premières années à Montpellier, vous avez connu vos premières sélections en équipe de France jeunes et vous avez été nommée capitaine de l’équipe U19 féminine du club pailladin, comment avez-vous vécu ces moments ? Un début de carrière rêvée ?
Oui complètement, tout ce que le club m’avait présenté avait été réalisé. Ce n’était pas des paroles en l’air. J’ai trouvé à Montpellier un équilibre dont j’avais besoin à cet âge là.

Deux graves blessures empêchent ensuite votre progression en 2013 et en 2017, comment avez-vous fait pour appréhender ces terribles épreuves et pour revenir à votre meilleur niveau ?
J’ai eu la chance d’être très bien entourée, par mes amis et ma famille. Mes parents ont été d’un soutien sans faille et n’ont jamais cessé de croire en moi à un moment où même moi je n’y croyais plus. Je me devais de revenir meilleure pour les rendre fiers.

Est-ce que le MHSC et vos coéquipières vous ont aidé dans ces moments difficiles ?
La chance que j’ai eu, c’est d’avoir été à Montpellier. C’était mon seul réconfort dans cet enfer. Ils ont toujours cru en moi. Ils m’ont fait signer professionnelle après deux opérations du genou, quel autre club en France aurait fait ça ? Aucun. J’ai reçu des messages de soutien de tout le monde, les coachs, les filles, Laurent, et même à l’époque Ghislain Printant qui était entraîneur de l’équipe première m’avait envoyé un message de soutien.

Comment aviez-vous vécu la période où Jean-Louis Saez vous laissait sur le banc de touche ou en tribunes ? N’était-ce pas difficile pour une jeune joueuse de vivre cette situation ?
Ça a été une période compliquée, j’étais en plein doute. Mais c’est la loi du football. S’il y a meilleur, il faut savoir faire le dos rond et travailler. C’est ce que j’ai fait en partant en prêt. Ça a forgé mon caractère et cela fait partie des choses qui ont fait que je suis qui je suis aujourd’hui.

En 2018, vous êtes prêtée par le MHSC au LOSC pour une saison, pourquoi ce choix et ce club ?
Il fallait que je me relance après tant de saisons où j’étais blessée et sans temps de jeu. Le coach m’avait clairement fait comprendre que je ne serais pas dans ses plans donc je n’allais pas rester au club pour presser les oranges, c’était maintenant ou jamais. Le LOSC m’a contacté et il m’ont montré que j’avais de l’importance pour eux. Ça fait plaisir de voir qu’on peut encore vouloir de vous après tout ça. Donc je me suis lancée. Et c’est l’une des meilleures choses qui me soit arrivée. J’ai passé une saison exceptionnelle, rencontré des gens merveilleux. Je ne regrette pas du tout, j’aurais simplement aimé que cela se termine mieux.

Pour revenir au match du week-end dernier entre le MHSC et le LOSC, qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez marqué le second but des lilloises (et quel but) ? C’était votre premier but en D1 Féminine ?
Je pense que j’ai rarement ressenti une émotion aussi forte. Certaines personnes m’ont reproché d’avoir « célébré » ce but. Mais ce n’était pas contre le club. La saison fut longue et compliquée. Ce n’était pas une revanche contre le club. Mais contre moi même. Après tout ce qu’il m’était arrivée, toutes ces années de galères. C’était la consécration de tous ces sacrifices. Et puis savoir qu’à ce moment là je permets à tout un club d’espérer encore, c’est une émotion indescriptible. Mais j’espère n’avoir froissé personne avec cette « légère célébration ».

Quel bilan ferez-vous de cette première année pleine en D1 Féminine ?
Je parlerais avant tout collectivement parce que pour moi c’est ce qui prime. C’est une saison en dent de scie. Avec des hauts et des bas. J’en garde un souvenir mémorable car le groupe était formidable mais voilà on descend donc forcément cette saison a un goût amer. Plus personnellement, ça m’a fait du bien d’avoir du temps de jeu et de voir qu’on ait pu me faire confiance. J’ai joué l’intégralité des matches en championnat et en coupe (mis à part 1). C’est plus que je ne l’espérais. Donc oui je suis satisfaite, mais il reste énormément de chemin à parcourir, beaucoup de travail à faire.

Quel est votre sentiment après avoir été finaliste de cette Coupe de France Féminine ?
Je suis fière du groupe, car c’est mérité. Et nous n’avons absolument pas été ridicule face à ce que tout le monde appelle « l’ogre lyonnais ». Cela prouve encore que nous ne méritons absolument pas de descendre.

Comment avez-vous fait pour supporter le climat du Nord ? (rires)
Écoutez ce fut très compliqué. Mais bon j’étais épanouie dans ma vie privée et professionnelle. Donc je pense que c’est la chose qui m’a fait tenir. Mais bon le retour à la maison pour les vacances ne va pas faire de mal (rires)

Pour la saison 2019-2020, vous serez une joueuse montpelliéraine. Un nouveau staff va être mis en place. Des cadres quittent le club en cette fin de saison (Veje, Blackstenius, Torrecilla, Murphy…). Les cartes vont être rebattues. Comment voyez-vous cette nouvelle saison ?
Je suis plutôt une joueuse qui vit au jour le jour. Je n’ai aucun a priori. Et de toute façon, je pense qu’il était temps de changer d’air. Cela va faire du bien à tout le monde.
Quant au départ de certaines joueuses, c’est la loi du football. C’est comme ça, les mercatos sont fait pour ça. Il faut maintenant pouvoir se réadapter et je pense que le club recrutera en conséquence pour palier ces départs.

Quels sont vos objectifs dans l’avenir ? Prolonger à Montpellier ? Découvrir l’étranger ? L’équipe de France ?
Comme je vous l’ai dis je vis au jour le jour. Si je suis heureuse à Montpellier pourquoi pas prolonger. L’étranger ce n’était pas dans mes plans pour tout de suite mais on ne sait pas de quoi demain sera fait. L’équipe de France je pense que c’est l’aboutissement de toute joueuse qui se respecte et qui a de l’ambition. Mais aujourd’hui j’ai besoin de temps de jeu, d’être épanouie dans mon club et au service du collectif, le reste viendra si je le mérite.

Dans moins d’un mois aura lieu le début de la Coupe du Monde 2019 organisée en France, que souhaitez-vous à l’équipe de France ?
J’espère de tout cœur qu’elles iront le plus loin possible. C’est un événement incroyable, en France en plus. C’est un véritable tremplin pour le foot féminin.

Allez-vous aller au Stade la Mosson voir un match de Coupe du Monde ?
Certainement. Je n’ai pas encore pris mes billets mais il y a de forte chance. La Mosson me manque beaucoup !

Pensez-vous que cette Coupe du Monde sera bénéfique au développement du football féminin en France ?
Je pense que cette Coupe du Monde sera bénéfique au foot féminin français et européen. Elle va avoir beaucoup d’ampleur. Beaucoup de places ont déjà été vendues. C’est super. J’ai hâte de voir ça.

Pour terminer, un petit mot pour les supporters des féminines du Montpellier Hérault Sport Club.
Ils sont supers. Ils animent les matches, ils sont impliqués et adorables. Ce serait bien que d’autres se joignent à eux. Cela fait toujours plaisir de voir le Kop Clapas dans les tribunes, ils sont un peu l’âme de la paillade qui nous suit jusqu’à Grammont et ça fait plaisir. Je ne verrais pas Grammont de la même façon s’il n’était pas là.