Les confidences de Laurent Nicollin

Le président du Montpellier Hérault Sport Club, Laurent Nicollin, s’est confié, lors d’un entretien accordé à So Foot. Dans cette interview, le patron du MHSC a accepté de s’exprimer concernant le bon côté de son métier, les moments difficiles qu’il a pu vivre avec son club, ainsi que sa relation avec ses parents et son frère.

Laurent Nicollin, l’actuel président de Montpellier, n’aime pas la défaite, et savoure lorsque son équipe termine une rencontre avec un résultat nul ou positif. Lorsqu’il traverse les différents endroits de la ville, que ce soit aux alentours du Stade de la Mosson ou en dehors, le patron du club héraultais est fier d’apercevoir des personnes, plus ou moins jeunes, portant le maillot orange et bleu sur les épaules.  « Le plus plaisant dans ce métier, c’est de ne pas perdre le samedi. Passer une bonne semaine et un bon week-end avec un nul ou une victoire », a-t-il déclaré. « Après, le bonheur, c’est de rendre les gens heureux, fiers. Quand tu as été champion de France, que tu vas faire le plein d’essence et que quelqu’un qui ne te connaît pas te dit : “Bravo, félicitations, c’est génial ce que vous faites !”, ça fait plaisir. Tu te dis que tu ne fais pas tout ça pour rien. Quand tu vas au stade, parfois tu as les yeux qui brillent parce que tu vois un gamin porter le maillot du club. Il m’arrive de boire un café et d’en voir passer avec un survêt ou un maillot de Montpellier. Je suis heureux parce-qu’il y a quinze ans, on n’en voyait pas. Il n’y avait que des maillots de Marseille. Enfin, maintenant, tu en vois quand même de Paris, hein, mais je suis content de voir un gamin ou quelqu’un de lambda avec quelque chose du Montpellier Hérault. »

Le directeur du club de La Paillade a également connu des moments difficiles. Malgré la finale de Coupe de la Ligue en 2011, le titre de Champion de France en 2012, et les matchs de Ligue des Champions quelques mois après, les choses deviennent un peu plus compliquées à gérer, surtout quand ton équipe joue le maintien dans les saisons suivantes. « Quand tu joues depuis trois ou quatre saisons le maintien et que les résultats ne vont pas comme tu veux, c’est compliqué. Quand tu dois changer d’entraîneur, en prendre trois ou quatre en deux ans, c’est difficile parce-que j’aime travailler sur du long terme. Avec René Girard, on est resté quatre ans ensemble. Ça ne me gênerait pas de garder dix ans le même entraîneur, même si, dans le football, il faut savoir se remettre en question », a indiqué Monsieur Nicollin. « Il y a des moments compliqués, même quand tu es champion de France et que tu vas jouer la Ligue des champions. Tu as l’impression que ça ne va pour personne parce-que tu ne recrutes pas le joueur qu’il faut, parce-que tu augmentes trop les salaires… On est champion de France, alléluia ! Je ne dis pas que tout est beau, que tout est rose, mais avec le treizième budget de Ligue 1, avec une équipe qui était montée il y a trois ans de Ligue 2, quand tu arrives à faire une finale de Coupe de la Ligue, à être champion de France, à jouer la Ligue des champions… Mais j’ai une carapace et une grande faculté à beaucoup relativiser les choses. C’est peut-être un défaut. Des fois, je discute avec mes gosses et ils me disent : “Tu t’en fous de tout”, mais ce n’est pas ça. Des choses peuvent me toucher : mes enfants, ma compagne ou des gens que j’aime, mais le reste… on perd un match de foot, on perd un match de foot ! Ça peut décevoir certaines personnes, en énerver d’autres, mais il faut une ligne conductrice et c’est parfois usant. »

En juin 2017, Louis Nicollin s’est éteint à l’âge de 74 ans. Son fils, Laurent, a toujours voulu rendre fier ses parents. Malgré les petites déceptions qu’il y a pu avoir, celui-ci a fait de son mieux pour que Loulou n’ai pas de regrets. « Tu as toujours envie de rendre tes parents fiers. Je les ai certainement déçus sur certaines choses, comme mes gosses peuvent me décevoir. Mon frère et moi faisions du mieux possible. Si nous n’étions pas compétents, je pense que mon père nous aurait acheté un bar tabac quelque part et nous aurait dit : “Maintenant, vous vous démerdez et ne me cassez pas les burnes !”. La première chose qu’il a vue, c’est qu’on était capables de gérer des hommes. L’apparence, les diplômes, c’est bien, mais la chose primordiale, c’est d’en être capable. Si tes salariés ne te respectent pas et estiment que tu ne vas pas les amener au bon endroit, ça ne peut pas le faire. L’école de la vie que mon frère et moi avons eue avec les poubelles me permet de voir les choses différemment dans le club de foot et d’apporter autre chose que le seul côté bling-bling. »