Marion Romanelli à cœur ouvert (exclu MhscOnAir)

Arrivée au sein de la section féminine du Montpellier Hérault Sport Club en 2015, la latérale droite, Marion Romanelli, a annoncé la fin de sa carrière le mois dernier. Dans un entretien exclusif accordé à notre site www.mhsconair.com, la joueuse de 23 ans s’est confiée sur sa vie personnelle, sur son passage au sein du club pailladin et sur son avenir en dehors du football. Elle s’est également expliquée sur l’arrêt de sa carrière à un si jeune âge.

Bonjour Marion, comment vas-tu ?

Bonjour, je vais bien merci !

Comment s’est passé ton confinement ?

Pour ma part, le confinement s’est bien passé et il m’a même été essentiel pour effectuer tout le travail que j’avais en cours. J’ai eu beaucoup de chance car j’étais chez mon père à côté de chez mon oncle qui est agriculteur, à la campagne, alors je pouvais déconnecter en allant aider dans les champs puis aller courir pour me défouler. Je gérais mes journées comme je le sentais en suivant mes besoins et je n’ai jamais été autant efficace alors que j’avais des journées bien chargées. Mes proches et les gens en général me manquaient mais j’étais bien occupée. Donc, la période est passée assez rapidement.

Maintenant, revenons au football. Tu as joué dans toutes les catégories de jeunes en équipe de France. Tu as notamment été championne du Monde U17 en 2012 et vice-championne du monde U20 en 2016. Comment as-tu vécu ses magnifiques années avec les Bleuettes ? Et n’espérais-tu pas d’être convoquée plus souvent en équipe de France A lorsque tu es arrivée dans le milieu professionnel ?

Mes sélections jeunes ont été riches en émotions et en expériences. Elles m’ont permis de grandir et d’apporter beaucoup de pétillant à mes années. En arrivant dans le milieu professionnel, je travaillais forcément pour espérer une suite à mes jeunes sélections.

Tu es arrivée au MHSC en 2015 en provenance d’Albi, comment es-tu arrivée à Montpellier ? Pourquoi avoir choisi ce projet ?

Avant de rejoindre Albi, j’avais également le MHSC comme possibilité mais je n’avais pas voulu aller directement dans le grand bain. En sortant d’une D2, il me fallait une transition, d’où le choix d’Albi. En fin de saison, Montpellier m’avait recontactée et j’avais la possibilité d’intégrer l’école de kiné également donc j’ai dis oui. Avec du recul, je pense que j’aurais du me laisser encore une saison avant d’intégrer une grosse structure.

Avec le MHSC, tu as connu des bas (blessures) et des hauts avec notamment cette qualification en Ligue des Champions en 2017. Comment tu as vécu cette superbe saison 2016-2017 ? 

C’était une superbe saison et faisant partie des bébés du groupe, j’avais des étoiles pleins les yeux même si je ne jouais pas trop. Collectivement, c’était forcément énorme de retrouver la Ligue des Champions !

En janvier 2018, tu es convoquée pour la première fois en équipe de France A. Malheureusement, tu es victime d’une rupture du ligament croisée du genou lors d’un entraînement des Bleues à Grammont. Comment as-tu vécu cette situation ?

La période de mes croisés a été la plus significative. Premièrement je n’étais vraiment pas préparée à être sélectionnée. Je ne m’y attendais pas. D’une part, je n’y croyais plus trop et d’autre part je me trouvais dans une période compliquée : j’étais épuisée physiquement et surtout mentalement. Ça faisait quelques temps que je ressentais le besoin d’une pause.
Forcément voir mon nom sur la liste et savoir qu’un match au Vélodrome, chez moi, nous attendait était incroyable. Mais j’étais fatiguée. Et même si mes nerfs ont lâché à l’annonce du diagnostic, j’ai vécu la blessure comme un cadeau et comme un soulagement en quelque sortes : j’avais enfin droit à ma pause. C’est peut être bizarre à entendre (à lire) mais cette période a été celle où je me suis le mieux sentie. J’ai perdu les quelques kilos que je n’arrivais pas à perdre en un rien de temps, j’ai retrouvé la forme et le plus significatif a été en cours. Les séances de rééducation me prenaient plus de temps que les entraînements mais j’apprenais mes cours avec facilité et en prenant du plaisir, et j’ai validé mon semestre avec des notes que je n’avais jamais eu. C’est à ce moment que j’ai réalisé toute la pression que m’infligeait le foot. Et avec du recul, même plus tard les moments où je me sentais le mieux c’était quand j’étais blessée.

Quelle est ta meilleure année au sein du MHSC ?

La saison que j’ai préférée au MHSC est ma dernière 2019/2020. Le groupe en est responsable.

Est-ce que cela a été compliqué pour toi d’être en concurrence avec la latérale droite de l’équipe de France Marion Torrent ?

Compliqué oui et non. Oui parce que je travaillais en sachant que les chances que j’avais de lui passer devant étaient quasi nulles. Et non parce que la concurrence était saine et de par son comportement elle m’apportait beaucoup. En fait, depuis toute petite, c’était l’exemple que je voulais suivre. On est passées par le même club de garçons et j’avais les yeux qui brillaient à chaque fois qu’on me parlait d’elle. Et je n’ai pas été déçue en jouant à ses côtés.

Durant ces cinq années à La Paillade tu as eu le temps de connaître Louis Nicollin ? Quel était ton rapport avec le président montpelliérain ?

Je n’ai pas eu la chance de vraiment connaître Monsieur Louis Nicollin. Je ne l’ai croisé que quelques fois lors des rassemblements du club sans trop interagir avec.

Tu aurais une petite anecdote à nous raconter sur Loulou ?

Je n’ai pas d’anecdotes mais ce que je peux dire c’est qu’on se sentait aimées, on était comme ses protégées.

Durant ta carrière, tu as côtoyé de nombreuses joueuses à Montpellier. Laquelle t’a le plus impressionné dans l’Hérault ? Pourquoi ?

Il n’y en a pas qu’une parce que les domaines sont différents. Sofia Jakobsson pour son côté athlétique, Marion Torrent pour son côté pitbull et Sakina Karchaoui la mobylette qui slalome entre les joueuses.

Tu as aussi côtoyé plusieurs entraîneurs au MHSC. Lequel t’a le plus marqué ? Pourquoi ?

Je n’ai eu que deux entraîneurs à Montpellier. Les deux sont très différents alors ce n’est pas comparable.

Revenons à la saison actuelle. Tu n’as pas joué entre septembre et décembre. Explique nous pourquoi ? 

En début de saison, j’ai été blessée puis j’ai ensuite eu du mal à revenir. Ça a été compliqué mentalement avec des doutes, de nouvelles envies incompatibles avec les foot, les cours, le côté perso, tout se mélangeait. (Je sentais certainement la fin qui approchait). Et puis même sans ça, Marion Torrent était en forme.

Mais en ce début d’année 2020, tu as enchaîné les titularisations, n’as-tu pas de regret que la saison se soit arrêtée au mois de mars ?

Le retour en famille pour Noël m’avait fait du bien. J’y voyais plus clair sur mes besoins, je n’étais pas sûre de ce que je voulais mais j’étais certaine de ce que je ne voulais plus alors j’ai été dans un certain lâché prise. Et puis Marion s’était blessée à ce moment. Je ne veux pas paraître égoïste ou traître en disant cela mais l’arrêt de la saison en mars tombait bien pour moi. J’allais pouvoir rattraper le retard que j’avais en cours et puis j’allais pouvoir m’éloigner des terrains. Si la saison ne s’était pas terminée je n’aurais pas lâché l’équipe, j’aurais continué de bosser pour apporter un maximum. Mais j’étais contente de quitter les crampons.

Comment résumerais-tu cette dernière année en tant que joueuse professionnelle sur un plan personnel mais aussi collectif ?

Sur un plan personnel, je résumerais cette saison comme une preuve de l’importance du groupe. C’est l’année pendant laquelle j’ai traversé les moments les plus compliqués personnellement, et je n’ai presque pas joué mais grâce au groupe c’est malgré tout la saison que je préfère. Sur un plan collectif, on n’a pas eu les résultats qu’on espérait alors on en sort avec des leçons pour mieux préparer et traverser les prochaines saisons.

Il y a un peu plus de deux semaines, tu as annoncé sur le site officiel du Montpellier Hérault Sport Club l’arrêt de ta carrière à seulement 23 ans. Cette décision a surpris beaucoup de monde. Pourquoi as-tu pris cette décision ?

Après toutes mes réponses précédentes, celle-ci va paraître logique. J’ai décidé d’arrêter parce que je me suis rendue compte à plusieurs reprises que je me sens mieux sans foot. Alors le double projet en est peut être responsable mais à chaque fois que je n’avais pas foot, je me sentais plus libre d’esprit. De plus, j’ai des projets et des envies incompatibles avec le foot. J’ai choisi le foot pendant plusieurs années, je choisis à présent d’autres horizons.

Pendant que tu jouais au football, tu as toujours poursuivi tes études. Pourquoi as-tu décidé de mener conjointement le sport de haut niveau et les études ?

J’avais décidé de mener ce double projet car les deux projets me plaisaient tout simplement et il était possible de les combiner.

Tu es étudiante en kiné, vas-tu poursuivre dans cette voie ? En quelle année es-tu ?

Je suis en dernière année. J’ai redoublé cette année. Le deuxième semestre (pendant le confinement) s’est bien passé mais le premier n’a pas été concluant. Ce qui confirmait un peu plus mes besoins. Je ne pense pas finir kiné mais je sais que ça me servira.

As-tu des envies pour la suite ? Quels sont tes projets et que peut-on te souhaiter ?

Pour la suite, j’ai des projets de voyages par le biais de missions humanitaires, diverses formations pour acquérir de nouvelles connaissances dans divers domaines, profiter de mes amis, de ma famille, pratiquer de nouveaux sports, découvrir de nouveaux endroits. J’ai toujours vécu du foot. Maintenant je veux vivre tout court. Pourrait-on me revoir dans le football ? Ça je ne peux pas le dire maintenant. Pour l’instant, j’ai besoin de le laisser à l’écart.

Pour terminer, as-tu un message à laisser aux supporters du MHSC ?

Je voulais remercier tous nos supporters, nos fidèles supporters ! Gentillesse, cœur et soutien toujours au rendez-vous !!

Crédit Photo : Montpellier HSC