Olivier Giroud : “Je suis fier d’avoir porté les couleurs du MHSC” (exclu MhscOnAir)

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Dans le cadre de sa formation de journaliste sportif, le fondateur du site www.mhsconair.com, Fabien Guyon, a eu le privilège d’interviewer l’ancien attaquant du Montpellier Hérault Sport Club, Olivier Giroud. Une interview 100% MHSC. On vous laisse la découvrir en exclusivité ci-dessous.

Bonjour Olivier, comment vas-tu ?

Salut Fabien. Je vais très bien. On est en déplacement à Liverpool pour l’avant dernière journée du championnat. On s’est aussi qualifiés pour une nouvelle finale de Cup, donc j’espère la remporter, elle se jouera dans deux semaines à peu près.

Ces derniers mois le monde vit une période très difficile avec la crise du coronavirus. De ton côté, comment s’est passé ton confinement ?

C’était une période délicate, comme pour tout le monde. Les sportifs de haut niveau devaient se maintenir en forme, ce n’était pas facile. On ne touche pas le ballon pendant quasiment deux mois, donc ce n’est pas facile.

Le 17 juin, la Premier League a repris. Tu as donc retrouvé les terrains avec Chelsea. Comment tu vis les matchs en ce moment, avec l’absence des supporters ?

C’est une bonne question. Nous on avait hâte de reprendre. On est testés tous les trois jours avec le test dans le nez et ils nous prennent la température tous les matins. Notre mode de vie change aussi, on ne peut pas se doucher, ni manger sur place, donc il faut s’adapter, mais nous étions tous heureux de se retrouver et de retoucher le ballon tous ensemble. Concernant l’absence des supporters en tribune, c’est compliqué, le football perd son charme sans public. Dans le stade on a pas le son comme à la télé, donc c’est une ambiance d’entraînement. On s’adapte, on fait avec les mesures du moment, et on espère revoir les supporters dès la rentrée.

Alors Olivier, durant cet entretien nous allons parler de ton passage à Montpellier et plus particulièrement du titre de Champion de France en 2012. Quels souvenirs te restent, 8 ans après ce sacre ?

Il me reste beaucoup de souvenirs. La célébration sur la place de la Comédie à Montpellier le lendemain du sacre est un des meilleurs que j’ai en tête. Le match contre Lille notamment à l’avant dernière journée, avec le but à la dernière seconde de Karim (Aït-Fana). Les victoires à l’arrachée aussi, ce sont que de bons souvenirs. L’effectif n’était pas forcément taillé pour jouer le titre, mais au fur et à mesure des mois on y a cru, et on l’a fait, donc ça reste pour moi mon premier gros trophée. Je suis toujours à contact avec certains joueurs et avec Laurent Nicollin.

Selon toi, quelle a été la recette de cet exploit ? J’emploie le terme « exploit » parce qu’une place de leader à la fin de la saison était au départ inespéré…

La recette, je dirais que c’est aussi un staff, qui a su clairement nous accompagner tout au long de la saison. C’était un groupe entier, un groupe de pote avec un staff qui nous a donné beaucoup de confiances. Les jeunes vivaient leur rêve en jouant le titre de champion. La recette, oui, c’était le groupe en général. C’était une aventure humaine incroyable. On finit devant le PSG, qui venait de se faire racheter, donc c’était encore plus appréciable.

Justement, à partir de quand l’équipe a cru à ce titre ?

Je me souviens d’un match à domicile où on se retrouvait avec certains joueurs dans une chambre, et les jeunes nous demandaient, à nous les « expérimentés », ce qu’on pensait et si on pensait pouvoir aller au bout. On ne pouvait pas lâcher au dernier moment, on a rien lâché et on l’a fait, c’était énorme.

Durant cette saison, vous avez connu de nombreux moments forts, il y en a eu certains qui l’étaient un peu moins. Pour toi, quel a été le match le plus important ?

Le match contre Lille, l’avant dernière journée, c’était une communion extraordinaire avec le public. Parfois je revois la vidéo, et ça me donne encore des frissons.

Parmi tes 21 buts marqués en Ligue 1 lors de cet exercice, lequel t’a le plus marqué ?

Celui contre Saint-Etienne, je marque dans les dernières minutes, je suis à l’entrée de la surface et je tente une espèce de reprise, et le ballon rentre, il était beau celui-là, mais le plus beau, je l’ai marqué contre Paris, on perdait 3-0, mais il a été refusé. Je fais contrôle poitrine et je fais une retournée acrobatique, transversale rentrante, et l’arbitre siffle hors-jeu, alors que je ne l’étais pas…

Hormis certains matchs et certains buts, je suis persuadé qu’il y a une personne qui t’a beaucoup marqué durant ton passage au MHSC… Louis Nicollin. Quelle était ta relation avec le président héraultais ?

J’avais une relation de joueur à président avec lui. Il était très présent, il passait nous voir très régulièrement au centre d’entraînement. Il gueulait quand il fallait. Il savait aussi nous féliciter. Il considérait ses joueurs comme ses enfants. Avant que je signe, il m’a appelé alors que je devais partir au Celtic Glasgow, et il m’a montré qu’il me voulait absolument dans son équipe. Je suis fier d’avoir passé ses moments uniques à ses côtés.

Tu te souviens un peu de ce que Loulou pensait les dernières semaines avant le sacre ? Il devait être comme un dingue, non ?

Il en pouvait plus, il était en sueur, il ne savait pas quoi faire. C’était un passionné, un grand amoureux du foot. Il croisait les doigts, il croisait tout ce qu’il pouvait, et quand on a remporté le titre, il n’en pouvait plus, il était exténué par la pression. Il s’est aussi teint les cheveux, il l’avait promis. C’est du Loulou tout craché.

Aurais-tu une petite anecdote à nous raconter de cette saison 2011/2012 ? J’imagine qu’avec Louis NIcollin tu dois en avoir quelques une…

Dans les vestiaires, il était comme un poisson dans l’eau. Après les matchs, quand on chantait « président, président », il était tout content de pouvoir nous faire plaisir. Lors du dernier match de la saison à Auxerre, il était assis sur le banc, mais il n’en pouvait plus, je ne sais pas s’il avait encore la force de fêter le titre tellement il était épuisé par l’émotion. Je n’ai pas vraiment d’anecdotes bien précise, mais c’est un tout, il a été d’un soutien indéfectible pendant ces nombreuses années.

La saison après le titre, tu décides de quitter Montpellier pour Arsenal, avant de prendre la direction de Chelsea six ans plus tard, en 2018. Le MHSC t’a donc servi de tremplin pour aller côtoyer le très haut niveau. Que retiens-tu de ton passage dans l’Hérault ?

Pour moi, c’était important de laisser une trace de mon passage en Ligue 1. Je suis très reconnaissant et très fier d’avoir fait des choix qui se sont avéraient être les bons. Loulou fait partie de ceux qui m’ont permis de faire les bons choix. Je suis fier d’avoir porté les couleurs du MHSC. Après le titre, je ne pouvais guère faire mieux à Montpellier, donc j’ai signé à Arsenal, c’était un rêve de rejoindre ce club.

Dans ta galaxie personnelle, où places-tu le titre avec Montpellier ? Par la suite, tu as tout de même remporté la Coupe du Monde en 2018 et la Ligue Europa en 2019, ce n’est pas rien…

Le titre de 2012 a une valeur sentimentale très forte. Les titres de champion de France ne sont pas simples à remporter. La coupe du Monde reste le graal pour n’importe quel joueur de foot. Le titre de Montpellier je le place juste derrière la coupe du Monde et juste devant l’Europa League.

Tu es toujours en contact avec certains de tes coéquipiers de l’époque ?

Oui, bien-sûr, ça fait un moment que je ne les ai pas eu, mais je suis souvent en contact avec Younès (Belhanda), Benjamin (Stambouli), Rémy (Cabella), Jonas Martin aussi. Jamel Saihi est aussi une personne avec qui je suis très proche. Je suis également toujours en contact avec Laurent Nicollin.

Je crois que tu n’es jamais revenu à Montpellier depuis ton départ en 2012 ?

Pas vraiment non, nous avons un calendrier chargé et pendant les vacances on part assez loin pour se ressourcer. J’ai hâte de revenir un jour pour pouvoir revoir tout le monde. J’étais frustré de ne pas pouvoir fêter les 40 ans du MHSC en 2014, c’était pendant la trêve internationale et j’étais appelé en équipe de France.

Quels souvenirs tu gardes de la ville en général ?

Ce qui me manque le plus c’est le soleil et la bonne gastronomie française. Montpellier, c’est une ville très dynamique, étudiante, avec les plages à côtés. Souvent j’allais manger dans les paillotes après les entraînements, c’était un cadre de vie exceptionnel. Il y a aussi la place de la Comédie. C’est une très belle ville où il fait bon à vivre.

Et les supporters, quels souvenirs tu en gardes ?

« La Paillade allez allez… » (rires). C’est aussi ce qu’il me manque de Montpellier, l’ambiance qu’il y avait au stade, cette atmosphère familiale. C’est une ville très sportive. Quand on se baladait en ville, c’était vraiment bon enfant, et les supporters avaient un rôle très important pour nous, les joueurs.

Un petit retour pour terminer ta carrière à Montpellier, c’est faisable ?

Une bonne question ! Je ne veux pas faire les gros titres demain (rires). Je suis redevenu très heureux à Chelsea. Je suis encore sous contrat. Je pense qu’il me reste encore une ou deux bonnes années à jouer au très haut niveau. On verra de quoi l’avenir est fait. Pailladin un jour, Pailladin toujours comme on dit (rires).

Olivier, l’interview touche à sa fin. Avant de terminer, je ne peux pas m’empêcher de te poser une question : qu’est-ce que ça fait d’être Champion du Monde ?

C’est une immense fierté, un rêve de gosse, un privilège. J’ai franchi les étapes les unes après les autres au fil de ma saison. Soulever ce trophée et avoir une réplique dans son salon, il n’y a rien de plus beau.